Moyen de commercialisation: les grandes surfaces

Posted by Maximeon janvier 14, 2014

Ces deux dernières années, la distribution en hyper et supermarchés a pris une ampleur considérable et ce n’est pas fini. Ainsi certains éditeurs et magasins spécialisés pensent même que la vente en grande surface représentera, à moyen terme, environ 40 % du marché global ; le reste se répartissant ainsi : 30 % en magasins spécialisés, 20 % en VPC (vente par correspondance), 10 % seulement pour les vidéoclubs. Longtemps considérée comme un simple produit d’appel, la vidéocassette préenregistrée serait, semble-t-il, devenue pour les grandes surfaces un « bon » produit, au même titre que le disque ou le CD. A cet égard, nombre de magasins ont d’ores et déjà modifié leur répartition mètres linéaires par support, le rayon vidéo gagnant presque partout en superficie. La vente en grande surface comporte un certain nombre d’avantages, surtout pour le consommateur qui achète un film (certes un peu banalisé et vendu dans un contexte hors nature) à un prix abordable. Mais c’est précisément cet aspect qui parfois dérange. Ainsi, chez Proserpine, pense-t-on « qu’en réalité, le consommateur achète plus un prix qu’un produit, et que si les grandes surfaces s’intéressent autant à la vidéo, c’est plus par obligation que par conviction et que cela correspond tout simplement à une demande. » Le vidéoclub ou le magasin spécialisé qui devrait peut-être se sentir lésé (encore et toujours) réagit différemment, chez Vidéo Gobelins, la distribution en grande surface n’est pas considérée comme dangereuse : « Certes, elle fausse un peu le marché, mais elle habitue aussi la clientèle à acheter ce type de produits ; d’autre part, les grandes surfaces ne commercialisent que de très gros produits et ne possèdent que 4 ou 5% des films proposés à la vente. Le vidéophile le sait pertinemment ! » Côté éditeur, on estime presque unanimement que la vidéo en grande surface demeure un simple produit d’appel, au même titre que n’importe quel autre, cependant le grand magasin est un bon client, alors…
grande surface
Manifestement, les avis sont partagés sur ce point précis, mais .qu’en pensent les principaux intéressés, les grandes surfaces elles-mêmes ? Pour le savoir, peut-être aurais-je dû me réclamer des RG ou de la DST, tant les informations portant sur le marché de la vidéo, sont « top secret ». Rien ne filtre, sûreté nationale oblige ! Apparemment, la presse fait peur aux grandes surfaces, ou s’agirait-il plus simplement d’un réel et profond mépris à l’égard de notre profession ? Allez savoir, mais jugez plutôt. Premier contact avec Euromarché, les directeurs de magasins restent muets, on m’oriente alors vers la direction générale sise à Athis-Mons et qui, elle seule, est habilitée à répondre à mes questions indiscrètes. Malheureusement, et après m’avoir promené de poste en poste, on se débarrasse de moi en me conseillant d’appeler le responsable de la centrale d’achats de Rungis, qui a toute latitude pour se laisser cuisiner. Manque de chance, M. Bonnot (j’espère que l’orthographe est exacte !) ponte au planning surchargé, m’accorde 50 secondes de son précieux temps : « Je n’ai rien à vous dire, je ne vais tout de même pas vous dévoiler notre politique commerciale, que faites-vous des concurrents ? Je vous dirai seulement que si nous nous intéressons à ce produit, c’est parce qu’il se vend. » Quel scoop ! « A part ça, je ne peux rien vous dire de plus car nous préparons actuellement un très gros coup concernant la vidéo justement ! »

Ce fut bref et concis, mais j’étais enfin dans le secret des dieux (Euromarché préparait un gros coup). Requinqué par ce tuyau de lèse-majesté, je tentai de joindre Carrefour, autre mammouth de la vente en grande surface. Je me risquai donc à appeler le magasin Carrefour du centre commercial Belle-Epine à Thiais, lequel m’expédia illico presto au siège à Evry, qui m’orienta à son tour vers une certaine société Francom, chargée vraisemblablement de la communication du groupe. On m’invita expressément à envoyer, dans les meilleurs délais, une demande d’interview détaillée, par télécopie en me précisant que cette singulière démarche n’avait, en aucune façon, valeur d’accord et que l’on se réservait tout le loisir de… si l’on jugeait que… etc. Dépité mais pas totalement démuni, je décidai de contacter Auchan. Le directeur était en réunion, on m’envoya fort logique ment vers la direction régionale, puis vers Auchan communication qui fit un travail titanesque en me réexpédiant à la case départ et vers la sacro-sainte direction régionale où l’on nota mes coordonnées, le plus sûr moyen de se débarrasser définitivement de l’intrus ! Epuisé mais encore debout, je me rabattais sur une grande surface plus modeste. Fébrile, je composai le numéro de téléphone de l’Intermarché de Noisy-le-Grand et demandai le big boss qui n’était pas libre, naturellement. Pour de plus amples renseignements, je devais m’adresser au siège à Paris. Devant mon insistance, et après une dizaine de minutes de négociation, on me révéla — ô soulagement — que le linéaire vidéo n’existait plus ! Mon dieu, qu’il eut été plus simple de le dire tout de suite. Restait à joindre un centre Leclerc, je choisis au hasard celui de Champigny (94), et là, surprise, je parvenais à converser avec le responsable du linéaire-vidéo, lequel fut tout à fait charmant, disponible et nous autorisa même à venir photographier son rayon : « Chez Leclerc, nous sommes très intéressés par la vidéo, ici à Champigny, notre linéaire fait 110 mètres carrés (disques et CD compris) et pas moins de 1000 films sont proposés à la vente. Cependant, le produit vidéo n’est toujours considéré que comme un produit d’appel.

Concernant nos fournisseurs, nous préférons traiter directement avec l’éditeur pour des raisons de service mais aussi de délais (avec un grossiste, il faut parfois trois semaines pour recevoir une nouveauté, c’est beaucoup trop long). Et puis l’éditeur peut consentir des remises que le grossiste ne peut en aucun cas accorder ! » J’étais heureux, j’avais enfin obtenu quelques informations émanant d’une grande surface, mais, pour conclure, souhaitons de tout cœur que les Carrefour, Auchan et autre Euromarché n’aient jamais besoin de la presse pour subsister ! A bon entendeur…

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