août, 2014

Le comique de caractère.

Posted by Maximeon août 21, 2014

On ne l’a pas découvert au cinéma, mais dans la BD : en ouvrant le Pilote des années fastes, on pouvait admirer sa bouille et ses petits mickeys entre ceux de Druillet et de Bretécher. Il avait déjà le croquis pour rire, et le confirma avec quelques courts métrages comme «Autoportrait» ou « Le laboratoire de l’angoisse», avant de se lancer dans la longue distance : «Les vécés étaient fermés de l’intérieur». Mal sorti par la Gaumont, le film ne fut un succès qu’auprès des «happy few». Heureusement, Patrice Leconte rencontre alors une bande de rigolos qui triomphe au café-théâtre avec «Amours, coquillages et crustacés», à l’enseigne du Splendid. La pièce doit être portée à l’écran. Leconte est choisi dans l’euphorie pour réaliser un film dont on ne sait pas encore qu’il va casser la baraque : «Les bronzés»! Vite, il récidivera avec « Les bronzés font du ski », aussi drôle que le premier, qui achève de consacrer vedettes les Jugnot, Lavanant, Clavier, Chazel, Lhermitte, Balasko… et Michel Blanc qui va devenir l’interprète principal et le coscénariste d’une trilogie fondée sur les déboires et la tribulation d’un petit homme complexé et casse-pieds : «Viens chez moi, j’habite chez une copine», «Ma femme s’appelle reviens» et «Circulez, y’a rien à voir». Ensuite, Patrice Leconte va réunir deux jeunes premiers adulés du cinéma français, Gérard Lanvin et Bernard Giraudeau, dans une comédie policière d’envergure : «Les spécialistes». Le film pulvérise le box-office. La recette était bonne. Normal : Leconte est bon.

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Pour l’amour du rock-opéra.

Posted by Maximeon août 14, 2014

Images d’un futur-cauchemar, ultra-violente exacerbée, scope en noir et blanc, musique tonitruante, c’est «Le dernier combat» de Luc Besson. Qui est donc ce réalisateur dont le brio stupéfie le Festival d’Avoriaz en 1983? Un tout jeune homme, dit-on, un talent précoce comme celui d’Orson Welles jadis, un cinéaste-rock, de la génération des vidéoclips. Récit de fin du monde, parabole angoissante, «Le dernier combat» est une démonstration d’efficacité exemplaire, animée par un suspense à couper le souffle. Tout pour faire un film-culte, surtout parmi le public jeune qui plébiscite ce «Mad Max» à la française. La réputation de Luc Besson est faite, il va pouvoir viser très haut avec son deuxième film : il recrute Isabelle Adjani et Christophe Lambert, les stars les plus convoitées, et situe son intrigue dans le monde souterrain du métro et du RER. C’est «Subway», un opéra en sous-sol mené tambour battant. Le montage-choc et les images composées avec un soin extrême font partie de la recette secrète de Luc Besson, qui l’expérimente encore avec «Pull marine», le clip d’Adjani sur la composition de Gainsbourg. Baignant dans l’air du temps, d’une vitalité à toute épreuve, Luc Besson a réussi insolemment tout ce qu’il a entrepris. Parions qu’il est encore capable de nous étonner!

Représentatif d’une époque

Un polar mis au goût du jour, au rythme de la pub, et Beineix créa «Diva». Des motards, une cantatrice sublime, une bande magnétique, une jeune Japonaise bizarre : il y avait là, incontestablement, quelque chose de nouveau. Ce fut une révélation, un succès inespéré, car l’accueil critique avait été plutôt frais et la première semaine d’exploitation catastrophique. Beineix en garda une dent contre les journalistes, même si ceux-ci se rattrapèrent en saluant sa consécration aux Césars… Ceci explique sans doute que ce jeune cinéaste ambitieux, qui commença par être assistant pendant dix ans, ait alors fait fausse route, se lançant dans une entreprise folle et démesurée : «La lune dans le caniveau». Une esthétique baroque plaquée sur un récit abstrait, une mise en scène bourrée d’effets pour des personnages sans consistance, voilà la recette d’un échec d’autant plus cuisant que le film fut présenté à Cannes avec une certaine arrogance… Du coup, l’ombrageux Beineix cria à la cabale, mais le semi-échec public le força à réfléchir. Après un «Diva» sympathique et surestimé, après le ratage provocateur de «La lune dans le caniveau, c’est le coup de maître de «37°2 le matin». Un roman bouleversant de Djian, une découverte pulpeuse en la personne de Béatrice Dalle, une histoire forte, trempée dans le romantisme des années 80: «37v2 le matin » est un film qui restera, aussi représentatif de son époque que « Les valseuses» le furent de 1973 ou «A bout de souffle» de 1960. Et Jean-Jacques Beineix n’a rien à perdre à laisser tomber son rôle de gourou ténébreux, Savonarole pourfendant l’ancien cinéma comme s’il était le leader d’une révolution esthétique sans précédent. Il a désormais prouvé qu’il pouvait, armé d’un scénario en béton, mettre en scène l’émotion — et n’est-ce pas la définition du cinéma?

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